mercredi 4 avril 2018

Journal intime d'un sans-vie 2007-2018 | adieu Nolife


Le précédent message, bien qu'exprimant ma vision de ce qu'aura été l'aventure Nolife, restait principalement factuel.
Celui-ci est plus personnel - moins construit aussi - et vise modestement à raconter quelques étapes et éléments de ma relation avec ce qui, de mon point de vue assumé de fanboy (même s'il essaye de rester critique), restera probablement longtemps la meilleure chaîne du PAM, le paysage audiovisuel mondial. Oui, rien que ça, soyons modérés. 

 Découverte

 

Très cher journal,


Nous sommes début 2007, je m'ennuie un peu, seul loin de mes proches et de ma petite amie, exilé dans le lointain sud (Sophia Antipolis). Et je viens de lire une actualité sur univers-freebox annonçant une chaîne destinée "aux geeks, aux otaku", avec un nom cliché à faire peur. Ça sent le pitch commercial pour toucher une niche qui débouchera sur du contenu cliché, bas de gamme ou recyclé.
[[Erratum : en recomptant les années, j'ai lu ce communiqué avant mon exil dans le sud. Même si c'est bien là-bas que je finirai par regarder.]]

Je ne plaisante pas. C'est très précisément ce que j'ai pensé en lisant un communiqué, à une époque où "mes" sites fermaient ou se renouvelaient dans une direction qui ne me plaisait pas, où la presse papier JV ne me correspondait plus, et où je n'avais plus grand monde avec qui échanger au jour le jour sur ces sujets. Du coup, je n'ai pas véritablement attendu le lancement, j'ai même oublié un temps qu'il avait eu lieu.

En École d'Ingé, on est grand, alors passer son weekend à recompiler son noyau Linux pour ajouter une option ça passe encore, mais dire qu'on a une passion pour la pop-culture japonaise et les jeux Nintendo - ou apparaître comme un encyclopégeek des personnages Marvel - ça ne le fait pas.


Même les imbéciles changent parfois d'avis

 

 Ce contact initial avec Nolife m'avait donc refroidi avant même qu'elle n'émette. Puis un jour, par ennui et cédant aux recommandations insistantes pour ne pas dire au lobbying de mon frère (oui, considère ça comme un merci si tu lis ce passage), j'ai commencé à regarder.

C'était un ovni. Ça n'était pas très beau visuellement. Ça bouclait beaucoup. Mais tout ou presque me parlait : des références geeks et otaku assumées, des avis pointus, la substance avant la forme... Pour quelqu'un qui comme moi a du mal à se sociabiliser et n'avait que peu de personnes avec qui échanger sur ces passions éveillées ou latentes relativement inavouables (encore plus à l'époque qu'aujourd'hui), c'était un immense bol d'air.
C'était fin 2007 ou début 2008 et de spectateur occasionnel je suis rapidement devenu régulier pour ne pas dire accro, et même un temps "pilier de forum" comme certains sont piliers de bar. Et si d'abord c'était avant tout ma principale distraction dans une situation d'isolement relatif, la suite - malgré un retour dans la famille, puis le boulot, puis une installation en couple - n'aura pas cassé cette relation.

Si ma régularité a pu baisser récemment, que la dernière formule initiée à la rentrée 2017 ne m'a pas totalement convaincu, je restais et reste très attaché à ce point de vue et ce traitement que j'ai du mal à retrouver ailleurs, hormis (avec leur propre saveur) dans les productions d'anciens partis sur d'autres médias.

 [Cliché, musique de drama, petite larme] Nolife a changé ma vie

 

J'ai pu développer dans le précédent billet les raisons qui font que je trouve la chaîne profondément attachante et intéressante. Mais au risque de rentrer pleinement dans les clichés, Nolife aura également eu une influence presque tangible sur certains aspects de mon parcours depuis lors.

 Love Live

Un des poncifs sur la fin de cette aventure est que Nolife n'a pas su toucher un nouveau public quand les anciens s'installaient, se lassaient, devenaient parents et n'avaient plus le temps.

Je ne me suis pas lassé, et je ne suis toujours pas parent. Mais je me suis peut-être installé en partie grâce à Nolife.

D'autres ont rencontré l'amour (passager ou durable) sur le forum. Moi, j'étais déjà en couple depuis 2 ans. Une relation (majoritairement à distance à l'époque) se passant bien mais avec quelqu'un qui ne connaissait (presque) rien aux jeux vidéo console comme PC, n'avait jamais ouvert un manga avant que je ne lui mette Monster entre les mains, sans intérêt particulier pour le Japon, encore moins pour la J-musique ou regarder en tant qu'adulte des anime (prononcé "animé", et sans s car repris du japonais bien que ce soit déjà un emprunt de leur part). Je n'évoquerai même pas les Idols - pour lesquelles il m'aura également fallu du temps afin de mieux comprendre et savoir apprécier le travail.

Aujourd'hui, c'est elle qui passe le plus de temps dans les rayons des Book Off lorsque nous avons la chance d'être au Japon et qui reconnaît le plus de membres du Hello!Project. Qui essore les Fire Emblem quand je ne prends plus le temps de le faire et a son propre Gunpla (maquette en plastique tirée des séries de science-fiction Gundam et pour lesquelles mon affection est de notoriété publique sur le forum voire au delà). Ok, sur ce point, je la bats encore à plate couture, ayant saturé nos étagères.

Si ça n'est pas facilement démontrable, je suis convaincu que la qualité des programmes de Nolife sur ces thématiques a très fortement facilité la compréhension puis le partage de ces passions qui m'animent pour quelqu'un chez qui tout cela n'était qu'au mieux latent. Nous y serions probablement parvenu sans. Mais le coup de main fût-il involontaire est appréciable.

 

Exhausteur de passion otak'

En découvrant Nolife, j'étais déjà bien contaminé par la culture geek et otaku.
Pourtant, avec l'âge, la fin du lycée, j'avais pris un peu de distance hormis avec le domaine des jeux vidéo (que je n'ai jamais lâché). Le reste était plus occasionnel - merci Canal pour sa diffusion de FMA pendant ma première année de prépa - souvent sur la recommandation d'un pote ou l'autre, que je voyais de moins en moins (... voire partis sur d'autres continents).

C'est Nolife qui m'a fait véritablement revenir à l'animation et découvrir toute la profondeur du marché du manga - au moins aussi vaste que celui de la BD francobelge, sur le sol français - de revenir sur des classiques que j'avais survolés. Qui a permis aussi, par son alimentation constante au gré des news, reportages et rubriques, d'entretenir la flamme malgré le début de ma vie professionnelle, et des périodes pas vraiment cool pour ne pas dire complètement déprimantes - en pesant mes mots.

Nolife également qui, par un mécanisme peut-être pas totalement distinct du lavage de cerveau, a fini de me faire adhérer à la J-Music au delà de quelques génériques. Il en faut beaucoup pour me faire sortir de mon antre et sans eux je ne serais probablement allé à aucun des concerts de J-Music auxquels j'ai assisté, dans des genres assez divers (sans exhaustivité : 2x °C-ute, 2x Scandal, 2x Uplift Spice, World Order, 2x JAM Project, Moumoon...).

Et Nolife également qui m'aura réconcilié avec (la :p ) Japan Expo, dont ma seule expérience au CNIT La Défense en 2003 n'avait pas été des plus agréables. Bon, certes, j'y passais 60% de mon temps sur leur stand ou dans le Live House (aujourd'hui "Scène Karasu" - la zone réservée à des mini concerts). Certains se rappelleront peut-être même d'un cosplay tiré de Mobile Suit Gundam Seed (uniforme de l'alliance) sur lequel, malgré un résultat discutable, je n'ai pas compté les heures. Ne cherchez pas de photos sur le net (ou si vous en trouvez, envoyez-moi le lien :D).

De la théorie à la pratique

Nolife m'aura fait bouger. Et pas uniquement pour aller en concert et convention.
La passion renouvelée pour le Japon se sera traduite notamment par une étude du Japonais - trop superficielle à mon goût et dont je regrette depuis de ne pas l'avoir commencée plus tôt, dès mes années d'études. Au delà de l'utilité - si je bafouille, cela permet malgré tout de s'ouvrir des portes et des lieux autrement difficiles d'accès - cette étude aura été une respiration intellectuelle dans une phase toxique niveau professionnel. Aurais-je sauté le pas sans eux ? Honnêtement je n'en suis pas sûr. Et elle m'aura permis des rencontres ou d'améliorer des échanges lors de divers dédicaces/handshake, ou avec de parfaits anonymes.

Nolife m'aura fait bouger bien plus loin puisqu'elle aura contribué à me motiver à (enfin) me rendre justement au Japon même. Par 3 fois, et j'espère bien plus à l'avenir, pour s'y promener de long en large, des quartiers "pop" comme Akihabara ou Namba à des lieux plus calmes et reculés comme Kagoshima, Takayama ou la magnifique île de Yakushima.

Ça n'a peut-être l'air de rien mais, sans tomber dans des considérations pathologiques, je suis extrêmement casanier. Sortir de ma routine y compris pour des vacances me demande une énergie particulière et toute aide ou motivation est bonne à prendre. Alors voilà, la passion transmise m'aura fait faire des choses, belles, voir des lieux, rencontrer des gens.

 IRL

Rencontres avec le staff

Nolife, c'était également un staff au poil. Chacun avec sa sensibilité, mais toujours ouverts à la discussion. Un jour, il y a bien longtemps, j'ai écrit sur le forum, suite à je ne sais quel évènement, quelque chose qui ressemblait à :

"Ah et sinon j'ai vu Alex. Mais bon, je n'ai pas osé le déranger."
Qui a entraîné la réponse immédiate :
"Quoi ? Mais la prochaine fois, faut venir me saluer."

Moi, petit membre du forum sans accomplissement particulier. Une réponse personnelle du directeur des programmes. Et cette réponse. 
Quelques semaines plus tard, à un évènement (Samurai Japon 2010) j'entends une voix familière alors que j'ai le regard fixé dans mon reflex. Ou plutôt deux voix. C'est un tournage de Tokyo Café (programme court présenté par Suzuka sur des sujets ayant trait au Japon) qui commence à 50 cm de mon épaule. J'attends patiemment la fin de la séquence, bien décidé à vaincre ma timidité en prenant au pied de la lettre l'invitation d'Alex. Caméra coupée, tête relevée : j'y vais, je tends la main et lui dis presque avec assurance "Euh... Salut, c'est moi Aptarus". Premier échange "personnel" et premier et dernier passage à l'antenne (hors arrière plan) puisque la conversation se terminera par "tiens, mets-toi là, ok, ça tourne !" ( lien tant que Noco existe ).

Voilà, c'était la simplicité d'Alex et Suzuka - quand leur planning leur en laissait le temps. Échanger des mots, avant/après une séquence, prendre les retours aussi, quand ils étaient construits, expliquer son point de vue. Et souvent, tout le temps, le sourire aux lèvres et un enthousiasme presque adolescent dans le regard et la voix.

Si c'est l'évènement le plus marquant, les rencontres avec Seb, Médoc, Thierry Falcoz (ex rédac' chef JV, pourtant timide en convention :D), et bien d'autres, sont toutes mémorables. Ils vous donnaient vraiment l'impression de parler d'égal à égal. Car être sympa dans la télévision, c'est bien, mais rester à ce point accessible, c'est encore autre chose. La seule limite étant souvent leur disponibilité, et le fait de ne pas les accaparer.

Avec la communauté

J'ai revendiqué haut et fort mon statut de ninja fantôme des IRLs, malgré mes milliers de messages sur le forum.
Ca n'est pas tant une fierté qu'une difficulté maladive à sociabiliser - qui commence par une atroce mémoire pour ce qui concerne l'association nom/visage, continue avec une difficulté à participer à des discussions de groupe pour finir sur un sentiment d'inadaptation dans la plupart des regroupements, soirées, boîtes, bars, et caetera.
Malgré cela, par le biais du forum, j'ai pour la première fois apprécié le sentiment de "faire partie d'une communauté". Oh, pas que cela ait été tout rose - en témoignent des prises de bec plus ou moins sérieuses avec plusieurs des modérateurs, et bien sûr de simples utilisateurs également, des divergences et - soyons honnêtes - de l'indifférence confinant au mépris pour certains membres. Mais cela reste fort peu en comparaison du positif à tirer de ces échanges très généralement bienveillants - et tant pis s'il faut apprendre de soi-même à éviter certains sujets.
Ermite je suis, ermite je reste, je n'ai participé à aucun des "resto" - il est possible que 2018 soit une exception -, ai fui les possibilités "d'after" au sortir de concerts, ce qui ne m'aura pas empêché de tisser des liens plus ou moins rapprochés et parfois temporairement très rapprochés (ndr: en tout bien tout honneur. Se rappeler du paragraphe "Love Live", svp) avec divers membres qui se reconnaîtront avec lesquels j'ai pu partager mes fameux cours de japonais (une modo O_o ), tenter de remonter le moral (et réciproquement), donner dans le "soutien scolaire" quitte à me remettre au Python, parler technique photo (une autre passion que je devrais cesser de laisser rouiller, d'ailleurs), ou simplement avoir des discussions et délires filés sur des sujets divers, parfois déliés des thématiques de la chaîne. Si je mélange les noms et les visages sachez que j'oublie peu - surtout pour le positif. Vous m'excuserez de ne pas me lancer dans une énumération de pseudonyme inutile et potentiellement blessante quand il s'agira de choisir où l'arrêter.
En dehors du cercle familial et de mon couple, la communauté des "Nolife" est certainement le groupe avec lequel j'ai eu pendant ces années la plus haute fréquence et, au global, le plus grand volume d'échange.

Et la rencontre de l'improbable

Je ne peux pas clôturer ce billet sans citer la rencontre avec Fujino Yuria, cosplayeuse-modèle-maid et étudiante en culture française à l'époque, découverte à travers un épisode de Toco Toco et avec laquelle j'avais échangé via Twitter en toute simplicité suite à son passage dans l'émission. De fil en aiguille, ces quelques tweets se sont transformés à l'approche de sa venue à Paris en des indications précises (sur, ahem, où trouver des goodies Barbapapa dans Paris - merci feu Album Saint-Germain) et pour se conclure en visite conjointe du Quartier Latin (glace Berthillon incluse) et du musée Marmottan - bien moins connu internationalement que le Musée d'Orsay mais tout aussi recommandable aux amateurs d’impressionnisme, dont elle fait partie.
Une journée dont je garde un souvenir des plus agréable et une personne avec laquelle je conserve quelques échanges même si des aléas (dont de santé) ne nous ont malheureusement pas permis jusqu'à présent de nous croiser à nouveau.
Vous pouvez la retrouver notamment sur Twitter - attention, certaines photos peuvent être NSFW / inadaptée à la consultation en présence de jeunes enfants ou personnes conservatrices.



(Almost) no regrets


Au final, ce que m'aura apporté Nolife, ça n'est donc pas tant un ou quelques évènements majeurs qu'une somme de petits éléments positifs et de contributions - à ma construction sociale, à mon moral, surtout dans les moments difficiles. Une routine réconfortante sans tomber dans le doudou régressif car apportant toujours de nouveaux sujets ou de nouveaux angles. La sensation, aussi, de ne pas être tant que ça un extraterrestre dans un monde où je me sens souvent étranger.

Au compte de mes regrets, si ce n'est de ne pas avoir trouvé de recette miracle (ou de numéros gagnants de l'Euromillions) leur permettant de poursuivre, j'aurai surtout celui de ne jamais pouvoir concrétiser un certain fantasme d'y participer directement, autrement que mon passage éclair à l'antenne d'un Tokyo Café et par mes abonnements. J'aurais, malgré certaines clauses de mon contrat de travail qui auraient pu poser problème, rêvé d'être le "N'importe qui" d'un 101% (ma contribution au sous-titrage des épisodes de France Five, bien que désintéressée et par pure passion pour cette oeuvre d'Alex, aura pu me laisser espérer un instant... mais je précise immédiatement n'en tenir aucune rigueur !), voire animer et/ou écrire (pour) une émission. Sachez que je n'ai donc trouvé aucune formule permettant de présenter de façon intelligente et ludique la sécurité des systèmes informatiques dans un format télévisuel - quand bien même j'aurais dû y sacrifier mes weekends - et que vous avez donc évité ma (lourde) prose.
Tant pis. La chance sourit aux audacieux et c'est une qualité qui me fait notoirement défaut. Il faudra vivre avec (ou plutôt sans).

Un dernier regret est d'avoir failli l'an dernier à mon habitude de souhaiter en fin de JE "à l'année prochaine" à Seb. Ironie de l'histoire qui aura voulu qu'effectivement, il n'y en aura pas - tout du moins en tant qu'exposant pro.

J'espère, malgré mon pessimisme naturel, que la communauté saura perdurer d'une certaine façon et que les liens ne s'étioleront pas (trop) (vite) malgré mes travers.
J'espère aussi que le staff dans son ensemble trouvera où rebondir et, surtout, où bien rebondir et, à titre plus égoïste, qu'eux ou d'autres inspirés par leur exemple pourront reprendre la voie tracée - c'est déjà partiellement le cas même si à ce jour il m'est difficile de m'imaginer me satisfaire de l'offre en place.
J'espère que nos chemins auront en tout cas la possibilité de se recroiser.

Nolife se rêvait l'avant-garde d'une génération de micro-chaînes qui n'est jamais arrivée et vraisemblablement n'arrivera jamais compte tenu des évolutions. Nolife nous aura surtout fait rêver, une parenthèse de 11 ans pour les plus assidus.

Alors messieurs - et dames - je vous adresse du fond du cœur, de mes tripes mais aussi de mon cerveau un gigantesque bravo.

See you, space cowboy.
You earned your rest.
今から頑張って続きましょう。

lundi 2 avril 2018

No passion, No Life - Sayonara, See you again, Adios, byebye cha cha

Intro hors sujet

Plutôt que d'écrire ce mot sur un forum dont les heures sont malheureusement comptées, ou d'éclater mon message en une ribambelle de tweets, je ressors donc aujourd'hui du formol ce "blog" qui n'en est pas vraiment un, et me prends un cours instant pour un rédacteur/blogueur/chroniqueur
(Oui parce que si c'était un blog, j'aurais dû rédiger mon billet "tout ce qui ne va pas dans l'épisode VIII" pour faire suite à mon point de vue sur Le Réveil de la Force, en concluant tout de même sur pourquoi Les Derniers Jedi m'étaient éminemment plus sympathique, ou "Pourquoi Pacific Rim Uprising gagne haut la main l'Oscar du teaser le plus raté et celui des meilleurs clins d’œils geek")

Intro du sujet

Nolife, c'est fini. Ou plus précisément et si vous me lisez rapidement, ça le sera sous peu, la fin des programmes étant programmée au 08/04/2018 avec un dernier baroud d'honneur que l'on espère flamboyant à l'image du panache que l'équipe aura su insuffler à ces presque 11 ans d'aventures télévisuelles.

Et c'est quelque chose de triste pour toute une frange de la population, pire, une frange dans la frange des geeks et assimilés. Car Nolife n'aura jamais été une chaîne de masse - elle n'en avait ni la vocation ni les moyens. Mais pour ses fidèles, ou même certains qui en comprenaient l'esprit sans forcément adhérer pleinement aux thématiques, elle était un peu La chaîne. Leur chaîne. Et soyons honnête, Ma chaîne.

Ce billet parlera de ce qu'était Nolife - quelques éléments factuels même si je suppose que tout lecteur sera déjà familier du sujet, puis ma perception et mes mots sur ce que représente cette initiative. Un second sera nettement plus personnel, même si aucun des deux ne saurait être exhaustif.


Les deux buts premiers sont de mettre de l'ordre dans mes propres idées et d'exprimer à tout membre du staff qui passerait mes sentiments. Je ne prétends pas y produire un contenu inédit ou exceptionnel. J'espère malgré tout que vous y trouverez un minimum d'intérêt ou a minima que ça ne sera pas trop ennuyeux à lire. Au pire, CTRL+W sans vergogne ;-).

Rattrapage pour les néophytes et les non-français

Nolife, qu'est-ce ?

Nolife, c'est une chaîne de télévision française diffusée du premier juin 2007 au, donc, huit avril 2018 (avec potentiellement des boucles de rediffusion par la suite avant extinction du signal), exclusivement "sur les box internet". Autrement dit, pour la recevoir, le spectateur doit - ou bientôt devait, j'utiliserai dans la suite le passé par anticipation - passer par sa box ADSL ou fibre à condition que son opérateur reprenne le signal.
Pourquoi ? Car cela nécessite des coûts techniques ridicules au regard de ceux d'une diffusion hertzienne (analogique comme TNT / numérique), satellite ou même câble classique - où les canaux sont également comptés et donc la concurrence rude pour obtenir sa place. C'est ce mode de diffusion, sur lequel la France a été en pointe, combiné à des technologies aujourd'hui banales mais à l'époque révolutionnaires qui a permis aux fondateurs - Alex Pilot (directeur des programmes), Sébastien Ruchet (président et homme achetant les sacs poubelles) - d'oser imaginer passer d'une "simple" société de production (produisant pour des tiers) à une chaîne de télévision.
Car les deux hommes, après des années dans l'amateurisme au sens noble du terme, qui aura valu des pépites telles que... euh... "Bitoman"..., ont déjà une expérience certaine dans l'audiovisuel et plus particulièrement ce qui a rapport avec la (pop)culture Japonaise, le tout en collaboration notamment avec Suzuka Asaoka, compagne d'Alex à la ville et pile électrique à l'écran pendant des années, en charge des relations France-Japon.
Cette chaîne, dont le premier slogan aura été "Il n'y a pas que la vraie vie dans la vie" - avant un plus sobre "la chaîne des nouvelles cultures" - sera dans la continuité : jeux vidéo, animation, manga, évènements en rapport avec le Japon (voire au Japon, quand l'opportunité d'y tourner se présente), et une ouverture sur d'autres thèmes que sont le jeu de plateau, le jeu de rôle (papier), le cinéma et plus particulièrement le cinéma de genre.

Le contexte d'époque


En 2007, YouTube et Dailymotion existent "à peine". Les vidéos qui y sont postées ont de fortes contraintes de qualité et de durée. Twitch, LA plateforme de streaming par excellence, où depuis chez soi on peut (avec un peu de chance) streamer en 1080P modulo 2 lampes et 1 ou 2 caméras plus 1 micro, est au mieux un doux rêve, pour ne pas dire de la science fiction. En France, la référence est "Game One", souvent présentée / vue par les fans de Nolife comme une rivale, une concurrente, une version tombée du côté obscur de l'idée qu'est Nolife, avec un ton assurément plus grand public - et centrée sur le jeu vidéo plutôt que le Japon "pop" dans son ensemble.
Et sinon, ce sont les sites écrits, illustrés et avec des vidéos mais que l'on peut encore compter - eux-mêmes luttant souvent pour leur survie financière.

Dans ce contexte, Nolife est un évènement. Un évènement au niveau français, mais également au delà car elle n'a, à ma connaissance, pas d'équivalent au niveau européen si ça n'est mondial. Et certains nous l'envient.

 Le début de la fin ou la fin du début ?

Brûle mon cosmos télévisuel!


Après des difficultés notamment administrative avant même d'allumer les serveurs, Nolife va se lancer. Et très vite connaître des difficultés financières : financer une chaîne ne se fait pas tout à fait comme prévu. La publicité ne prend pas encore en compte les chaînes "full internet" (non comptabilisées par les sacro-saintes audiences Médiamétrie par lesquelles jurent les publicitaires). Nolife est sauvé une fois. Survit miraculeusement une autre. Dégraisse une, deux fois (avec des retours d'anciens de temps à autre). Mais au final, cette chaîne à laquelle on ne donnait pas 6 mois, maximum un an, aura tenu 10 ans et 10 mois. Soyons généreux, et accordons leur la date de lancement qui aurait dû être la leur sans des soucis de dernière minute indépendants de leur volonté : elle aura tenu 11 ans et une semaine. Autant dire une éternité.


Ces galères longues auront plusieurs effets :
  • Des comparaisons régulières, amicales, aux shonen et en particulier à ceux où, tels Seiya dans Les Chevaliers du Zodiaque (Saint Seiya pour les puristes), le héros ne cesse d'aller à terre pour se relever et surmonter l'épreuve, serait-ce à moitié mourant.
  • L'agacement de certains, y compris une partie du public, trouvant la communication trop larmoyante ou usante malgré la sobriété affichée par l'équipe qui, depuis les premiers appels à abonnement, rappelle tout de suite que "ça n'est qu'une chaîne de divertissement. Si Nolife s'arrête, il n'y a pas mort d'homme".
  • L'incompréhension de beaucoup devant ce qui peut apparaître comme de l'entêtement dans une voie sans issue. Et honnêtement, j'aurais probablement jeté l'éponge bien avant eux.
  • Le départ, et parfois le retour, de nombreux membres historiques au gré de la fluctuation des moyens.
En sachant que ça n'est que la partie émergée de l'iceberg, ne pouvant me prévaloir d'informations privilégiées.

L'histoire de la génèse et des 5 premières années de Nolife est racontée de manière bien plus détaillée et juste dans le livre de Florent Gorges, à l'instant où je rédige en réduction à 5€, Nolife Story. S'il parlera avant tout aux connaisseurs, je ne peux que le recommander à toute personne s'intéressant à des initiatives geeks, et prier pour un second volume couvrant la seconde moitié.

 L'Esprit Nolife

Les gens ayant grandi dans les années 80 ou, comme moi, 90, auront certainement entendu une expression : "L'Esprit Canal".
Cet esprit, c'était un mélange de cassage de codes, de provocation, de déconne tout en contrôle (ou presque), supposé propre à cette "petite" chaîne qu'était Canal Plus à son lancement.

Si Nolife aura bien plus souvent été comparée à "L'Arte des Geeks", il était parfois aussi fait état d'un "Esprit Nolife". Là aussi, un mélange de cassage de codes - des émissions à durée variable car dictées par le sujet et le contenu plus que le format -, d'un traitement sérieux et respectueux de sujets jugés banals voire ridicules par les standards des autres chaînes, un amour et une volonté de bien traiter ce dont on parle, un humour également moins cadré, et beaucoup d'autodérision - des fictions mettant en scène l'équipe (quitte à y passer pour des connards ou tortionnaires) à la revendication d'avoir des animateurs moches. Et une énorme louche de système D et d'optimisation pour produire quelque chose de qualité professionnelle avec bien moins de moyen que n'importe où ailleurs.

Dans l'impossibilité d'acheter des programmes classiques, Nolife diffuse des séries amateurs. On y compte Nerdz, Flander's Company, Geek's Life - par des membres du staff ou satellitaires - et celle qui deviendra la plus connue car détentrice d'un record de financement participatif, Noob. Pas par dépit, mais car une grosse partie de l'équipe vient de là.

Pour compenser  la musique japonaise (choix des fondateurs, et également car le conventionnement "chaîne musicale" avait ses avantages), diffuser des indies, clips indépendants, est aussi un choix. D'aller sur des terrains non défrichés et d'être généreux au delà parfois de la logique. Et tant pis si certaines productions diffusées sont parfois... discutables quandt au niveau atteint.

Nolife tisse aussi de nombreux liens, notamment au Japon. C'est comme cela que la chaîne se fournit en clips et récupère deux programmes profondément nippons, Kira Kira Japon, virgule loufoque malheureusement trop courte et portée disparue des interwebs, et Japan in Motion dont le ton à la limite du publireportage peut choquer en comparaison - et son dérivé plus posé et culturel qu'est Esprit Japon. Ou la diffusion de l'ovni qu'était "Kyo no wanko" (le petit chien du jour), monument télévisuel japonais pour les amateurs de canidés.

Un pinacle de cet esprit c'est aussi probablement le programme Space Hyper Ufo Media DJ, un programme jamais présenté car "secret", déclenché aléatoirement certaines nuits d'hivers et qui voyait un des quelques membres capables de gérer toute la chaîne de production, diffuser des clips demandés sur le forum et faire les annonces - simple en principe, beaucoup moins en pratique quand chaque plateau doit être tourné, composé, encodé, envoyé sur la régie, accompagné des clips et du fichier de playlist associé, le temps que la précédente plage ne passe. Qui d'autre produit une émission en y passant une nuit blanche ou presque et sans en faire la promotion une seule fois ? Une émission qui se passait autant à l'antenne que sur le forum, valant une classification quasi officiel des clips "anti faibles" (comprendre : ceux qui faisaient s'endormir quand diffusés passé 2h du matin), des règles telles que "boire et manger c'est tricher" et la petite fierté pour ceux qui une fois avaient atteint la fin de la playlist - au dépend d'un lendemain difficile :D.

Mais Nolife, ça n'était pas que de la générosité et de la sincérité. C'était aussi de la précision  autant que faire se peut dans les programmes "maison". L'à-peu-près n'était que rarement apprécié même s'il s'agissait de faire de la vulgarisation. Des collaborations avec des superplayers reconnus, avec l'association MO5 pour s'intéresser aux entrailles de consoles rétro (Very Hard)... ou de l'explication de mythes ou tableaux japonais (Mot de Saison). Le tout sans pédanterie ni élitisme mal placé (même si je reprocherais à Skills, l'émission E-sport, l'utilisation d'un jargonage à tendance anglophone pas toujours nécessaire).

Le tout sans une recherche de l'audimat. La première question posée semblait être "Est-ce que le sujet, traité de cette façon, vaut le coup d'être abordé ?" et non pas "Y a-t-il un public pour ce format ?".

Cet esprit qui leur aura aussi probablement causé du tort, au sens de la rentabilité et des partenariats, car inconcevable de lâcher le contrôle à un tiers, de se "vendre". Plutôt rester fidèle à l'idée d'origine et puis, quand on commence quelque chose, il faut aller jusqu'au bout*.

L'Esprit Nolife, c'était aussi d'oser faire l'annonce de la "mort" de la chaîne un premier avril. La vraie, pas la fausse - qui avait eu lieu il y a des années et n'était pas si fausse que ça puisqu'elle marquait un sauvetage en dernière minute.

* citation favorite d'Aramis Léclair, le Silver Mousquetaire, dans le sentai amateur France Five co-créé par Alex, interprété par l'actuel directeur de Kurokawa excusez du peu.

La proximité, la "famille" Nolife

Une autre description récurrente faite par les fans, y compris des anonymes ne se signalant qu'à l'occasion d'un évènement marquant, est que regarder Nolife, "c'est comme faire partie d'une famille" ou d'une bande de potes.

La simplicité de la présentation de beaucoup de plateaux (animateurs "moches" en T-shirt sur fond quasi blanc puis des plateaux épurés ou en carton) y jouait certainement, mais le ton n'y était pas étranger. Chez Marcus (par Marc Lacombe, alias Marcus, vétéran de la presse JV française et parrain officiel de la chaîne) avait bien pour principe de présenter un jeu comme si l'on débarquait chez un pote.

La disponibilité et l'ouverture à la communication de nombreux membres du staff - sur le forum de la chaîne tout d'abord, sur les réseaux sociaux ensuite, et en face à face lors de tout évènement - renforçait cet aspect. Quand le président de votre chaîne préféré vous reconnaît, vous serre la main alors qu'il est lui-même venu vers vous, et ne se trompe pas sur votre pseudo, difficile de ne pas se sentir proche si ce n'est privilégié.

Je ne suis pas, je dois dire, très favorable à cette expression de famille. J'ai un énorme respect et tout autant d'appréciation, pour de très nombreuses personnes ayant travaillé à Nolife. J'ai de l'admiration même pour les piliers, Alex, Seb et Suzuka les premiers. Malgré tout je considère ces expressions galvaudées - des amis, des parents, cela induit des échanges que nous n'avons pas, sur des sujets différents, une intimité. Je n'oserai pas (...malgré ce qu'indique mon compte Facebook vis-à-vis de certains) me présenter comme leur ami.

La véritable famille est pour moi l'équipe - avec ses membres plus éloignés, ceux qui ont pu prendre leurs distances voire se fâcher. Et les proches, les partenaires d'une fois ou de longue date voire les concurrents. Les liens tissés se constatent par les nombreux messages de soutien ou de tristesse depuis l'annonce d'hier.

La chaîne aura toujours eu une image d'humanité et d'accessibilité qui, pour peu que l'on souscrive un peu à leur approche, incite d'autant plus à la compassion (au sens premier) dans ces derniers évènements. Et, malgré mes propos mes propos ci-avant, je me sens comme beaucoup affecté à un niveau personnel et émotionnel au delà de la simple fin d'une marque ou d'un moyen. Une histoire de trajectoire probablement, que j'aborderai dans un second billet.

Merci, et puis merci*


* à prononcer avec la voix de Sky High de Tiger & Bunny. Si vous n'avez pas vu T&B, allez voir T&B.

Au delà des galères, les moments de bravoure auront été nombreux - si l'ordinaire de cette chaîne extraordinaire ne pouvait pas être considéré lui-même en tant que tel.
Oser sauter le pas du direct alors que la situation, moins précaire, n'était pas non plus pleinement assurée.
Tenter un jeu interactif avant "Tout le monde joue" sur France Télé.
Réaliser un anniversaire mélangeant jeu façon Cluedo, fiction et improvisation.
Des premiers avril mémorables, jusqu'au dernier malheureusement.
L'éternelle disponibilité et les discussions qui allaient au delà du "merci de nous soutenir".
La mémorable soirée en public du 5ème anniversaire - il aurait été bête de ne pas la faire, surtout rétrospectivement. Et bête de ma part de ne pas y participer dans le public quand bien même je me serai réveillé à Osaka (un peu loin d'Issy-Les-Moulineaux, vous en conviendrez).
Et bien d'autres qui m'échappent sur l'instant.

Pour toute cette passion mise en forme et partagée, et tous ces échanges suscités entre membres du public, pour votre bonne humeur affichée alors que les choses ne devaient pas toujours (voire pas souvent) être simples, votre dévouement à ce rêve geek (qui pour quelqu'un au naturel aussi frileux que moi peut sembler confiner à l'inconscience), parce qu'on est heureux de l'avoir vécu en direct et pas par des témoignages et des émissions de rétrospective,

心からどうもありがとうございました.

最高でした。

頑張って続きます。

また会いましょう!

(ça a l'air plus classe en japonais mais : Merci beaucoup du fond du coeur. C'était super. Maintenant, on va continuer à s'accrocher. A la prochaine)

samedi 26 décembre 2015

Tout ce qui ne va pas avec le Star Wars de JJ. Et aussi ce qui va, on est pas bégueule.

Warning: heavy spoilers ahead. Proceed with caution.
Le message suivant sera spoilerifique donc si vous ne souhaitez pas vous gâcher la surprise, évitez

Suite à une connerie de synchronisation, j'ai perdu toute une partie d'introduction. Un autre billet décrira donc, s'il existe un jour, ma relation avec Star Wars et mes pensées quant au rachat par Disney et ses impacts.
Je précise aussi n'avoir visionné le film qu'une fois, en 2D VO. Quelques boulettes à noter dans les sous-titres d'ailleurs.

Sachez juste que je suis tombé dans l'ancienne trilogie étant enfant, ai grandi avec les romans et comics. J'avoue même avoir commencé une fanfiction. Ne cherchez pas, seule le prologue à passé le stade du brouillon et un crash disque a tué mes velléités.

N'étant pas  un fan de JJA dont le Star Trek m'a semblé sans âme, prévisible et en prime sans rapport avec l'esprit d'origine,  ni de l'univers Marvel revu par Disney, j'étais donc assez réservé sur ce nouvel épisode.

Les bons points

Et pourtant, je suis allé le voir. Certes en seconde semaine, pas en première, mais plus tôt que prévu. Car les traders avaient su susciter mon intérêt, malgré mes réserves, malgré l'overdose totale de produits dérivés et accords commerciaux, malgré les épisodes 1 à 3. Et déjà, c'est un bon point.

Car oui ça respire le Star Wars. Visuellement, c'est proche. L'univers est plus sale, moins clinquant que la seconde trilogie - même si la différence était volontaire, elle était trop propre. On nous gratifie même de clins d'œil comme la table d'holo-échecs (de "dejarik" pour les connaisseurs) du Faucon relançant une partie ou un certain droid d'entrainement au sabre.

Les grands thèmes de John Williams font toujours leur effet. Les bruitages aussi comme le crissement d'un sabre laser s'allumant ou le hurlement de moteurs de Tie.

Cela, le film le fait très bien, tout comme reprendre des éléments clés (de l'intrigue au sol, des bases militaires, des plans foireux, un zeste de combat spatial).

Le soucis c'est que j'ai un peu le même sentiment qu'avec Star Wars Battlefront : c'est un joli skin. Et c'est tout.

Ce qui va moins bien

Le film commence assez mal pour moi, sur la forme : passé le générique et le pan vertical, le vaisseau qui DOIT apparaître à l'écran passe en biais. Une façon probablement de marquer sa différence mais qui détruit totalement la force de ce plan !
Second plan : le caméra-épaule secoué dans les barges. Pas très agréable et surtout pas très Star Wars.

Cela fait 30 secondes que le film a commencé et j'ai peur...
Heureusement c'est à peu près tout pour la forme qui respecte tout en modernisant un peu la formule.

Malheureusement ce ne sont que les reproches mineurs. Les vrais suivent.

Pas de corps, pas de mort

Bien plus gênant à mon sens, les platitudes hollywoodiennes. Certes, Star Wars s'est construit sur des bases très classiques, mélange de conte classique et de remake de films antérieurs dans une ambiance pulp.
Mais en 2015, nous refaire le coup fort démodé du personnage mort, qu'on pleure presque, mais en fait non (Poe), j'attends légèrement mieux du scénariste-réalisateur star d'Holywood.

Passé l'exposition, l'improbable consistant à envoyer son meilleur pilote de chasseur jouer les espions (on va dire que c'est un hommage à la série des X-Wings) ou le manque de discrétion de Poe, l'improbable fuite (dans l'ancienne trilogie, quand c'est trop simple, c'est normalement un piège) avec la séquence absurde du Tie accroché par un câble (bah voyons, un chasseur high tech, tu vas tirer sur la prise comme un bourrin, ce que tu ne ferais même pas avec un aspirateur), nos presque héros se crashent. Finn se réveille hors de l'habitacle mais indemne, et voit le vaisseau s'enfoncer dans le sable, ne conservant que la veste de son cher compagnon d'infortune dont il conclue que celui-ci est mort.

Qui y croit ? Finn et BB-8. Et le public de moins de de 12 ans ou n'ayant pas encore compris cette règle holywodienne.

Vador 0.2

Bien des gens ont aussi critiqué Kylo Ren, affublé du sobriquet de "bébé Vador", pour son manque de charisme. Mais son charisme c'est le cadet de ses soucis.  On a ici un héritier direct d'Anakin Skywalker, supposé puissant dans la Force, ayant été formé par Luke puis par Snoke, désigné comme le chef des "chevaliers de Ren". Qu'il hésite, soit imparfait, très bien, c'est plutôt positif, un mélange d'Anakin jeune et de Vador adulte, un peu de complexité (que l'Univers Etendu Star Wars a souvent apporté dans le passé).

Par contre, Anakin n'a jamais perdu face à un débutant.

Rey, dont je vous laisse libre de supposer la parenté (mais pitié, si c'est vraiment Luke, change de travail JJ), est une débutante. Une pillarde qui sait certainement (bien) se défendre, comme on nous l'a montré tout au long du film, dont la Force innée peut expliquer qu'elle résiste à un sondage d'esprit, mais sans entrainement au sabre - ou alors il va vraiment falloir nous justifier son amnésie. Finn est une quiche du sabre laser comme ses précédentes tentatives l'ont montré. Pourtant l'un tient presque tête et l'autre surpasse (et aurait presque pu achever) ce cher Kylo.

Certes, pour plus de crédibilité, Kylo Ren commence ce double duel blessé. Sauf que, hormis quand on nous le montre expressément, RIEN ne permet dans sa gestuelle de voir qu'il l'est. Au contraire, aucun problème évident de souplesse, aucun soucis non plus dans les épreuves de force où il devrait particulièrement souffrir. Donc soit c'est mal mis en scène, soit Kylo Ren est une quiche. Si c'est le cas, il faut effectivement craindre les chevaliers de Ren... leur niveau. Pour rappel, un "simple" trooper manque de tuer Finn en 2 minutes maximum un peu plus tôt dans le film en combat à l'arme blanche. C'est d'autant plus dommage quand on nous insiste sur la puissance de Kylo dès l'exposition avec ce fameux coup de blaster stoppé en plein air pendant plusieurs secondes sans effort apparent.

Nous avons donc soit un méchant particulièrement en carton, soit une scène vraiment mal réalisée et jouée, soit un deus ex machina car après tout il fallait bien ce rebonissement (et que ça aurait été bête que les méchants gagnent après juste un seul film).

On va faire deux groupes de Un

J'ai hésité à titrer cette section none shall pass ou papaoutai. Vous aurez compris que je parle du (ahem) tournant dramatique de ce volet et le décès de notre contrebandier corellien préféré. Encore une fois, le pauvre Kylo est à l'honneur. Pas de chances sur ses scènes fortes (et encore je vous passe les colères dignes d'un gamin de maternelle. Certes, Côté Obscur, tout ça, mais quand même).

Cette scène, qui se déroule juste pour l'aspect esthétique au milieu d'un pont, est attendue, et n'a réussi à susciter aucune émotion tellement sa conclusion était attendue. Pourquoi ?

Bon, de façon évidente, car il aurait été compliqué de faire revenir Kylo Ren du Côté Lumineux si tôt. Dommage, ça aurait été scénaristiquement sacrément osé. Il aurait aussi été difficile de le faire tuer, par Han ou l'un de ses alliés, avec tout ce qui a été misé sur le personnage. Kylo doit rester méchant pour ces mauvaises raisons. Et puisque Han décide d'aller au contact, il n'y a aucun doute sur l'issue. Le rythme du film ou peut-être l'interprétation ne permettent pas non plus d'y insuffler l'émotion qui aurait pu sauver le tout, Kylo alternant trop entre son visage d'enfant perdu (surjoué, par l'acteur ou par Kylo selon la lecture qu'on a de la scène, mais surjoué) et celui de tueur presque froid.

Cette scène était aussi relativement attendue car elle permet, en tuant l'une des légendes de Star Wars, d'indiquer au spectateur "Hey, regardez, on ose. On a VRAIMENT pris les commandes et tout est possible". A savoir que tuer l'un des 3 grands (Han, Leia, Luke) était justement un grand interdit de l'UE, faussant chaque scène où ils étaient employés, protection qui ne s'étendait en revanche pas à leurs fidèles alliés.

Là aussi un choix plus "burné"aurait pu être de tuer Leia, malgré sa position plus en retrait - par exemple en échouant à stopper le tir de Starkiller Base. Ou d'introduire Luke un peu plus tôt mais avec une issue fatale - même si pour le coup, la ressemblance avec le rôle d'Alec Guinness dans l'épisode 4 aurait été trop forte.

Mais là où cette scène m'agace c'est qu'elle colle à deux autres poncifs des films américains. La première : dire à quelqu'un de prendre soin de lui, et/ou qu'on est content de le revoir, c'est l'envoyer à une mort quasi certaine. La seconde, c'est la manie également très présente dans les films d'horreurs de se diviser dans un endroit a priori hostile. A partir du moment où Chewie et Han se séparent, tous les voyants sont au rouge pour un décès, qui n'a pas non plus le poids de celui d'Obiwan dont le sacrifice était pour sa part utile, ni de celui de Qui Gon, après un duel dantesque (un des bouts à sauver de l'épisode 1 et où la séparation est involontaire).

Bref, c'est too much.

Un dernier critère qui m'a été soufflé et sur lequel je ne trancherai pas : Harrison Ford était très certainement de part sa carrière ciné l'un des plus gros cachets. Et Disney est connu assez largement pour sa radinerie, en témoignent les imbroglios autour des renouvellements de contrats chez les Avengers.

Du bon parfum de Star Wars, du rythme (même si à mon sens on "court" trop dans ce film pour un Star Wars, on dirait que JJ tente de nous asphyxier pendant le coeur du film, là où les anciens avaient leurs temps lents), un méchant à moitié réussi et des grosses ficelles du cinéma. Moué. On s'en sort pas si mal. Sauf quand on se penche sur la crédibilité de certains éléments majeurs.

Un contexte plus boiteux tu meurs

Qui aura compris la situation politique et stratégique de la galaxie ?

Le Premier Ordre, facile : des nazillons nostalgiques de l'Empire qui tentent de le faire ressusciter. Ici pas grand chose à redire.
La Nouvelle République : Un gouvernement nouvellement établi qui porte même le nom de celui établi dans l'ancien UE (un des rares clins d'oeil).
La... Résistance ?

Pourquoi ce nom quand il ne s'agit pas effectivement de résistants sur les mondes dominés par le Premier Ordre mais d'une organisation externe, au background rocambolesque : elle est financée/armée par la Nouvelle République tout en étant distincte de sa flotte et indépendante a priori en terme de responsabilité et chaîne de commandement.

La seule raison qui m'apparaît est que l'utilisation de ce terme met en exergue une nouvelle fois une lutte du "petit", du côté du bien, contre le "gros", là où adosser les nouveaux héros et leur lutte à un gouvernement qui au final est dominant dans la galaxie (de ce que l'on peut en comprendre) aurait renversé la perspective. Ca et l'utilisation d'un terme lourd de sens vis à vis d'une puissance dont l'idéologie et l'iconographie emprunte notamment à l'Allemagne du 3ème Reich.

Or si les évènements décrits dans Star Wars peuvent nécessiter une certaine naïveté, le contexte de fond me semblait dans les précédents épisodes se tenir à peu près...

Tout se passe dans un seul système

Cette fois, plus de géopolitique mais de l'observation.
J'ai hurlé à l'activation de Starkiller.

Pas parce que des millions de voix criaient à travers la Force avant de s'éteindre mais parce que ce tir est juste totalement improbable, impossible. Ou que tout se passe dans un même système.

Les deux étoiles noires pouvaient détruire des planètes. Mais comme démontré dans l'épisode 4, encore fallait-il se trouver à proximité. C'est plutôt logique : le tir voyageant dans l'espace réel, il se déplace au plus à a vitesse de la lumière.

JJ esquive ce problème en plaçant au détour d'une phrase que l'arme tire à travers l'hyperespace. Soit, le coup est licite, l'hyperespace permettant voyages et communications, pourquoi pas l'étendre à une arme. Acceptons également que le tir se disloque en plusieurs sous rayons.

Mais COMMENT est-il possible que depuis le ciel de la base de la résistance, les gens n'aient qu'à lever la tête pour voir les rayons et explosions ?

Le tir de Starkiller a au plus le diamètre de la planète - je suis généreux. Avez-vous déjà observé Jupiter, une géante gazeuse et non une planète tellurique, à l'oeil nu ? Bien que nous en sommes proches, elle ne nous apparait que comme une tête d'épingle.

La base de la Résistance se trouve donc dans le même système que la capitale et la flotte de la République.

Starkiller, la superarme jetable

Starkiller Station, une planète creusée pour abriter / devenir un canon, met déjà notre suspension d'incrédulité à rude épreuve bien plus qu'une étoile noire quant à la faisabilité de sa construction, surtout par un Empire affaibli.

Son fonctionnement est aussi surprenant.

En effet, si l'idée de capter le soleil quitte à accélérer son vieillissement est intéressante, un problème se pose quand on nous explique que le soleil va s'obscurcir avant le tir.

Quoi ? Le soleil va être déstabilisé au point de s'obscurcir ? Euh, tout astronome en herbe saura que c'est plutôt mauvais signe. Un truc à le faire passer en supernova, ou directement au stade de naine brune. Dans le premier cas, Starkiller serait détruite dans la foulée. Dans le second, elle serait inutilisable. C'est donc une utilisation du budget militaire qui rivalise avec les pires gaspillages de notre république, quelle vraisemblance agréable.

Problème annexe : comment a-t-elle pu être dans ces conditions chargée pour un premier tir ?

Encore une fois, à vouloir faire "plus", JJ et Disney en font "trop".

Et alors, mon verdict ?

Si cela vous intéresse, mon verdict est que Le Réveil de la Force reste un divertissement agréable.
Dans une période où on ne croule pas sous la Science-Fantasy (terme dont les amateurs de Science-fiction dite dure affublent Star Wars), voire sous les bons divertissements tout court, ce sont 2h18 que je ne regrette pas.

Maintenant est-il si bon que certains l'écrivent ? Je ne pense pas.
Il n'a pas le courage des premiers, qu'il se contente trop d'imiter dans le fond comme dans la forme, avec un léger effet " monsieur plus" .
Il n'a pas l'ambition maladroite de la seconde trilogie qui tentait de nous dépayser à nouveau.
Il use de rouages et de cordes usées.
Et il n'a au final que peu de personnalité propre.

J'ai apprécié. Je ne sais pas si je le conseillerais. Et je suis loin d'attendre furieusement la suite.

Mais je ne suis pas la cible de Disney.

Et puis je vais me relire Legacy, Legacy War, finir Legacy 2, et probablement un peu plus. Car au moins cet épisode aura réveillé ma nostalgie de "mon" Star Wars

jeudi 14 mai 2015

Loi sur le Renseignement

Un peu tard, je m'exprime sur la loi sur le renseignement. Tard car je pense n'avoir rien de plus à dire que des orateurs reconnus. Mais quand même parce que la coupe est pleine.

Cette loi me dérange profondément. Moi, l'accro au respect du droit, formé en sécurité, qui a toujours préféré le gendarme au voleur, le corsaire au pirate, le shérif à l'Outlaw, et reconnait le besoin d'une armée et d'un secret défense/de certaines barbouzeries même parfois.

Au moment où les USA eux-memes reviennent sur les mesures équivalentes, nous nous y engageons.

Ces mesures seront contournables par qui le voudra vraiment. Les services n'auront pas, comme la NSA n'a pas eu, la capacité à traiter cette masse de donnée de manière efficace. Et de faibles connaissances permettent de mettre en évidence qu'il y aura bien plus de faux positifs que de vrais, avec toute l'incidence sur la vie de citoyens innocents, car la loi ne leur offre aucune protection, aucun moyen de se défendre correctement (en termes juridiques !), et notre État a de tout temps été peu prompt à admettre et réparer ses fautes - notamment financièrement - et quelle faute qu'une vie ou carrière brisée !

Comment admettre qu'une loi aux effets pervers - qui engogergont les services - bien supérieurs aux bénéfices soit mise en action ?

Quand bien même je reconnais les besoins d'un renseignement efficace, cela me semble inconcevable.

Cette loi est scélérate. Elle consacre ce qui doit rester l'exception comme un fait acquis.

Faites une loi. Mais pas celle-ci.

jeudi 27 novembre 2014

Le sacro-saint droit à l'opinion

Bon, ceci est un premier billet issu d'un tweet et rédigé dans les transports. Par conséquent, il risque d'être encore plus décousu que d'habitude.

Je suis quelqu'un de tolérant.

Ou du moins j'essaye. J'ai des réflexes acquis (ou innés) que je ne nierai pas. J'ai aussi naturellement plus d'affinités pour certains caractères et les gens proches de mes opinions et/ou de mes intérêts. Celui au fond de la salle qui a balancé "donc t'aimes personne ?" sort. Ou pas, vu que j'aurais trouvé la répartie plutôt amusante. Cependant, pour autant que la personne en face de moi respecte quelques règles qui me semblent essentielles et non discutables, je peux accepter pas mal de choses.

Comme ce n'est pas quelque chose que j'ai déjà cherché à formaliser, la liste ci-après n'a pas revendication d'exhaustivité ni d'absolue justesse mais je compte par exemple non négociable :
- l'acceptation de principe de l'universalité et de la réciprocité de la valeur humaine et des interdits qui y sont liés (pas de sous genre parmi le genre humain, que ce soit ethnie, sexe, ou autre. Comprendre que ce que l'on fait, on peut nous le faire et l'accepter)
- la volonté générale de ne pas nuire (assez logique si on applique le précédent principe) sauf nécessité
- l'acceptation des différences d'opinion pour peu qu'elles valident les présents critères, et donc ne pas chercher à imposer son mode de pensée
- la non association des personnes aux opinions, car celles-ci peuvent changer et sont éminemment contextuelles. Une personne n'a pas nécessairement eu la possibilité, ou en tout cas a pu rencontrer des conditions contraires à l'établissement de ce que je considère comme une opinion "tolérable"
- la volonté de bonne foi et de respect de la logique. J'adore l'absurde et les jeux sur le langage, mais pas dans ce contexte
- l'acceptation que soi-même comme les autres peuvent faire des erreurs. En revenir. En commettre d'autres.

Et enfin, d'autres règles que je reconnais plus personnelle :
- tenter d'éviter la violence
- ne pas être (trop|agressivement) prosélyte (en dehors des règles suscités et de principes généraux). Et donc accepter des personnes ayant des opinions et mœurs très différentes.

Cela fait je le reconnais déjà beaucoup et pourtant j'aurais du mal à en supprimer une. Au final, je ne sais pas si je peux encore me dire très tolérant, mais cela me semblait nécessaire pour établir les bases de mon point de vue. Et notamment ma conviction qu'il faut accepter les opinions divergentes en tout sujet [modulo quelques principes].

Pourquoi alors titré-je "le sacrosaint droit à l'opinion", titre ouvertement critique quand on connait mon profond athéisme (qui pourrait valoir un billet si on me le demande gentiment). Alors que moi-même défendrais je l'espère ce droit si je le considérais menacé ?

Parce que

Tout ne peut pas s'appeler opinion

Il est possible d'avoir des opinions sur de nombreuses choses. Sur tout ce qui est subjectif mais également sur de nombreuses choses humaines où il n'y a pas de réponse simple, également sur ce que l'on ne peut pas en l'état ou dans l'absolu prouver. Le terme plus juste ici serait conviction, et non opinion, mais je me permets ici cet amalgame.

Cependant trop souvent le terme "liberté d' opinion" est, tout du moins en France mais pas uniquement, l'outil pour ne pas dire le masque qui sert à avancer ou défendre des préjugés voire des idées néfastes ou des contre-vérités pourtant établies scientifiquement en tant que telles (on ne se refait pas, j'ai un bac S et une formation prépa scientifique-école d'ingénieur).

Que diriez-vous si quelqu'un vous annonçait soudainement que 1+1=3 ? Je parle bien sûr en entiers naturels et selon la signification communément admise de ces symboles (car mon esprit retors voit déjà comment on pourrait valider cette formule).

Ou si quelqu'un vous affirmait soudainement que le rouge c'est la même chose que le bleu ? Alors qu'ils ont des longueurs d'ondes connues et qu'un œil sain les perçoit différemment. La perception d'un oeil malade signifie uniquement que la personne ne les différencie pas, pas qu'ils sont devenus égaux intrinsèquement.

Dans de telles conditions,  je ne peux pas "respecter" le propos.

Attention, j'ai bien dit le propos. Tant qu'il n'y a pas prosélytisme, violence ou abus sur un tiers, je respecte encore l'être humain. Et ce respect est essentiel, notamment si l'autre est de bonne foi. On peut tenter ou non de le détromper, mais rire ou être agressif n'apportera rien et ne grandira pas.
Pour autant, qu'on ne me parle pas de liberté d'opinion quand le vrai mot est liberté d'ignorance, de préjugé, de déni. Et si je ne le dirai pas (immédiatement) sous cette forme, au final, oui, je penserai "cette personne dit quand même bien de la m#rde" (pardon pour le manque de poésie). Et je n'aurai probablement pas envie de la fréquenter [si de telles opinions semblent durables].

Si l'étude des étoiles nous prouve l'expansion de univers et que certaines traces d'énergies semblent l'accréditer fortement, rejeter la théorie du Big Bang sans arguments solides autres que "je crois" ne l'est pas non plus.

Et quand la désintégration atomique prouve l'âge des dinosaures et que l'étude des drosophiles démontre le fonctionnement des mutations génétiques, que cette même génétique permet de retracer une partie de l'évolution, il m'apparaît difficile de respecter toute position créationniste - thème qui fut, je ne le cache pas, à l'origine de ce billet. Les intéressés des deux bords se reconnaitront - enfin, s'ils me lisent.

Et de façon encore plus évidente, le racisme (basé sur du vent), le sexisme (dans un sens comme dans l'autre, hors point précis où une différence homme/femme est scientifiquement établie) ou toute forme d'intégrisme ne peuvent pas se revendiquer du "droit à l'opinion".

Je pourrai même aller plus loin et sur terrain glissant en ajoutant que toutes les cultures ne se valent moralement pas, selon les règles énoncées au début, tout en rappelant que celles-ci sont des structures vivantes, vouées à évoluer (et mourir) et que par conséquent la comparaison, qui n'est déjà pas unidimensionnelle ni binaire, n'est de plus valable qu'à un instant. Et encore une fois, selon mes critères. Mais à ce glissement dangereux, j'ajouterai encore une fois que cela reste à distinguer de la valeur de l'individu - et ne présuppose aucun droit supplémentaire à l'élément que je considérerais supérieur, quand bien même j'aboutirais à une relation d'ordre.

Tout ce long message pour aboutir à une conclusion simple :
Le droit à l'opinion, c'est un peu comme la liberté d'expression.
Quand on l'invoque, la plupart du temps, c'est qu'on aurait mieux fait de fermer sa g...le.

(Woah, ce que je peux tartiner pour pas grand chose. Post sponsorisé par la RATP)